Il y a peu, effeuillant avec délices un ouvrage consacré à la peinture, j’y ai lu ces paroles affligeantes : « Prendre conscience de s’être fourvoyé et ne pas s’acharner à poursuivre sa marche dans une impasse mais rebrousser chemin, c’est le bon réflexe. L’histoire nous enseigne qu’en art, toute régression iconoclaste ne dure qu’un temps… » Claude Yvel, Peindre à l’eau comme les maîtres. Ce livre, est au demeurant une vraie mine d’or de renseignements sur les techniques et les matériaux usités en peinture depuis l’antiquité, et je ne voudrais certes pas résumer son contenu érudit à cette seule phrase ; Il n’empêche ! Je me demande ce que dirait ce maître es peinture devant la floraison époustouflante des arts nouveaux, tels que l’art digital ou le light painting, pour ne citer que ceux-là ?
Que l’on utilise ses propres pigments broyés avec amour, ses pinceaux en poil de martre ou les complexes fonctionnalités des logiciels actuels et des palettes graphiques sophistiquées, que juge-t’on, si ce n’est le résultat produit ? Sa force de frappe esthétique et émotionnelle sur l’œil et l’affect du spectateur mais aussi des spécialistes. De tous temps et dans tous les domaines, les régressions iconoclastes cachent souvent des innovations qui finissent par rentrer dans les mœurs et dans les galeries ; Est-il besoin de rappeler à cet égard la place réservée encore il y a peu à l a photographie, réputée mineure, ou au street art, encore trop souvent confondu avec une pratique de voyous un peu has been ? A l’aune de quel espace temps va-t’on juger de la pérennité de ces pratiques ? 20 ans, quelques siècles, des millénaires ?
Je comprends aisément le côté passionnel et l’ardeur dévolue à la pratique d’un art. La peinture comme le dessin, pose un lien physique avec la matière, et reste profondément sensorielle, alchimique même et j’ai retrouvé en essayant de dessiner les mêmes plaisirs que j’ai pu avoir autrefois à travailler la terre, et à jardiner !!! Mais ce qui saute aux yeux lorsqu’on regarde les œuvres actuelles, les infographies, les graffs, les toiles numériques, c’est l’évidente filiation qui existe entre tout ça ; Je vous mets au défi de regarder un tableau de C215 et de n’y voir que des gribouillages mal faits ! Son travail de couleurs, d’ombres, d’expressions, posent un portraitiste confirmé et maître de son art , et ce n’est pas le seul ! Comment ne pas voir dans certaines œuvres de Naota Hattori un clin d’œil aux maitres anciens dans la gestion des teintes et des volumes ? Détourné, futuriste, iconoclaste et heureusement cet art n’est en tout cas pas pratiqué à la légère et, pour avoir tâté à tâtons et avec beaucoup de maladresse aux arcanes abyssales de Photoshop CS 3 et de certains autres outils, je peux dire sans hésiter que sans l’œil et beaucoup de connaissances de perspectives et de volumes, l’outil n’est rien ! Ce pourquoi, moi je vous invite à découvrir aussi et à goûter, aux côtés des maitres anciens que je continue moi-même de chérir, les jeunes artistes de ce temps, ceux qui inventent sans doute à leur manière ce que sera demain et au-delà, le futur !
Très beau cet article !!!
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Merci de ta lecture et de ce soutien, Barbara !
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