Le secret du hibou

C’est un petit secret de Polichinelle, sagement détenu par un hibou minuscule en stéatite,  juché sur l’étagère de ma bibliothèque. J’ai gardé de l’enfance le pouvoir d’investir ainsi un objet vulgaire de quelque fonction magique. Comme les enfants, je sais bien que ça n’existe pas, mais, faire semblant d’y croire est un excellent remède contre le manque d’imagination.

J’ai donc chargé ce drôle d’animal de me rappeler quand je sors de chez moi, d’y laisser derrière moi ce que j’appelle les encombrants : fatigue, mauvaise humeur, récriminations, habitudes, etc.

De m’inciter à garder le sourire quand je m’aperçois après avoir descendu tous mes étages, que la poubelle est restée sur le palier, et de les remonter avec grâce, sans trop marmonner. Bref, la litanie serait trop longue et je la suspends sur le champ….

Toujours est-il que, lorsque j’étais enfant, il me semblait que les adultes perdaient éminemment leur temps en tâches stupides et plutôt désagréables, ce qui expliquait leur peu d’attrait à mes yeux à quelques exceptions près.  Je me suis alors demandé ce qui, au milieu de tout ça, était nécessaire et ce qui était contingent, et à ma grande surprise, je me suis vite rendue compte, que beaucoup de choses  se faisaient par répétition stupide, manque de prise de conscience ou facilité…..ainsi les gens se privent en constance d’attitudes et de choses qui leur feraient plaisir, sans aucun profit compensateur par ailleurs, ou  se livrent à de vaines pratiques, comme par exemple, dire du mal de son prochain, ce qui semble être ici un sport national ! Personnellement, jugeant que la beauté d’être et l’intelligence ne sont pas sur représentées, j’ai davantage de plaisir à m’extasier qu’à  geindre, question de choix, et de gourmandise ! Et ai appris aussi au fil du temps à moins me désoler de mes erreurs et bêtises : ce qui est fait est fait !

Bref, cette petite vigie muette et éloquente, dont le gros œil jaune et rond brille comme un micro soleil, est si vous voulez, le seul grigri que ma rationalité ordinaire m’autorise, davantage par jeu  que par conviction vraie : je vous rassure, sur ma table, le pain peut être à l’envers ou les couverts inversés, et les parapluies ouverts fleurissent parfois joliment dans le couloir !

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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