La rhétorique guerrière où comment on nous vend les conflits.

Qui s’intéresse à la communication ne peut pas ne pas prêter l’oreille (et les yeux) à la rhétorique médiatique, laquelle est pourtant l’une des plus détestables qui soient : formules toutes faites, mots clefs répétés jusqu’au ressassement, citations tronquées sorties de leur contexte, choix des images savamment orchestré pour orienter l’opinion, il y aurait matière à faire de longues analyses où la sociologie le disputerait  à la psychologie de masse.

Je n’ai pas la prétention d’avoir les compétences pour ce faire, et n’empiéterais donc pas sur des domaines qui restent affaire de spécialistes.  Il n’empêche que la redondance de certains mots et de certaines  formulations dans la bouche de nos journalistes et de nos politiques doivent singulièrement attirer notre attention. Dans la presse, ces derniers temps, il a été largement fait écho aux notions d’honneur, de devoir, d’action de force, et de responsabilité, liés au traitement des conflits armés. De ligne rouge franchie. Je n’entends pas donner une couleur politique à mes propos, cet article restant dans la ligne d’analyse stricto sensu  des arcanes du langage et de son utilisation ; je note cependant que de tous temps, il y a eu un pareil recours à cette terminologie pour « vendre » au citoyen, et faire légitimer par lui, toute intervention belliqueuse.

Ledit citoyen, dont on n’aura à aucun moment requis l’avis, auquel on ne demande jamais ce qu’il pense par ailleurs des stratégies occidentales de vente d’armes (pour lesquelles et au nom du profit, la morale est suspendue et l’honneur inexistant), qui aura vu son pays ( il n’y  pas que le notre qui soit concerné)  laisser perpétrer ou être acteur des pires choses (une ligne rouge n’est-elle pas franchie aussi quand on exploite, affame des continents entiers pour notre confort), au nom de la non-ingérence, du respect de la souveraineté des peuples, etc,  doit maintenant, pour cautionner quelque chose qui le dépasse, accepter ce changement de discours et voir son honneur mis en jeu !

La rhétorique guerrière n’a pas attendu l’Art de la guerre de Sun Tzu ni Machiavel pour s’exprimer partout avec toujours les mêmes effets : faire accepter l’inévitabilité de l’usage de la force armée. Et renvoyer la responsabilité des élus vers la masse. Une chose à ne jamais oublier.

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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15 commentaires pour La rhétorique guerrière où comment on nous vend les conflits.

  1. longbull13 dit :

    Tout juste 😀
    Armes silencieuses pour guerres tranquilles
    les dix stratégies de manipulation de masse

    Armes silencieuses pour guerres tranquilles

    Bises et douce journée à toi Phédrienne

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    • Phédrienne dit :

      Bonjour Longbull
      Comme on dit les grands esprits finissent toujours par se rencontrer 🙂 ! Merci pour ton lien et d’une façon générale, pour l’engagement qui est le tien ;
      Bises

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    • Françoise dit :

      bonjour et merci pour le lien , cela me permet de me ballader dans votre site …. les 10 stratégies en question sont d’une justesse incontestable et navrante . J’étais déjà convaincue avant de les lire … ;o) je souhaite qu’elles puissent néanmoins « éveiller » quelques consciences non encore totalement résignées et soumises …. espoir ;o)

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  2. Françoise dit :

    Bravo !!!! totalement d’accord avec toi et oserai-je l’avouer : je me posais justement la question hier ou avant -hier en entendant justement que cette fameuse « ligne rouge » avait été franchie par l’utilisation des armes chimiques par El Assad en Syrie . Et je me suis dit : Ah bon ? parce que provoquer la mort des gens par des armes non chimiques quelles qu’elles soient est donc en deça de la ligne rouge ? donc pas de soucis pour toutes les autres formes d’élimination tant que c’est dans le noble code guerrier ?????? mouaih ! je sais bien que mon argument est naïf et incomplet , n’empêche ! merci Colette de m’avoir rappelé cette pensée que j’ai eue l’autre soir mais comme je n’avais pas d’interlocuteur …….

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    • Phédrienne dit :

      Bonjour Françoise
      Oui, je me suis fait la me^me réflexion, on nage en plien délire langagier là dessus! A partir du moment où on légitime le fait de tuer, ces nuances sont insupportables et inqualifiables. Et donc ça fait du bien de rencontrer un écho à ce refus qui est nôtre de se laisser raconter n’importe quoi ! Merci, Françoise !

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  3. Si juste, malheureusement

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  4. rechab dit :

    Comme tu le dis, la vente d’armes est bien l’objet d’un commerce, juteux ( quel que soit l’acheteur)…
    Evidemment elles ne sont pas destinées à rester dans des collections… Et au moment où elles servent, on peut toujours jouer les redresseurs de tort… ce qui permet de se servir des nôtres, d’en tester l’efficacité, et … de faire marcher le commerce…

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  5. Phédrienne dit :

    Pour Elisabeth
    Il ne faut jamais y renoncer …merci pour ton soutien.

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  6. RvB dit :

    Les pays les plus impliqués dans la défense des droits humains sont aussi ceux qui vendent le plus d’armes de guerre.
    Hypocrite ?
    Écœurant, et ce n’est certainement pas le discours journaleux – que tu soulignes très justement – et des interventions qui participent tout autant à une certaine forme de banalisation de la violence que celui de leurs homologues politiciens qui soulèveront les consciences engourdies… si ce n’est celle de quelques uns.

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  7. Tout à fait d’accord avec les commentaires versés, exprimés pour dénoncer l’hypocresie. Et je croie comme toi, Phedrienne, qu’il faut llutter contre ça, même si cela on voie comme un peu naif… Bravo pour ce billet!!!

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