La féminité et moi…petite philosophie dans le boudoir, acte LXVI

Avant de me percevoir comme femme, je me suis toujours perçue comme individu à part entière ; c’est peut-être bizarre, mais l’idée que le cerveau ou que la pensée soient sexués et partant, qu’ils puissent conditionner d’autres types de réponses chez un interlocuteur, m’a toujours été étrangère. Et pendant très longtemps, je n’ai d’ailleurs pas su repérer derrière le discours d’un homme, la tentative de séduction ou l’intérêt différent porté à ma personne : une forme d’autisme, sans doute !   Mêlé assurément au désir profond d’être considérée d’abord et avant tout comme une personne à part entière.

Petite fille, comme tant d’autres, j’ai joué à la poupée : comment y échapper d’ailleurs, ainsi qu’aux ustensiles ménagers miniature qu’on offrait facilement alors. Cela ne m’a jamais empêchée de lorgner du côté des voitures et des petits soldats, des billes et des arbres où grimper. Si je n’étais pas un garçon manqué, je n’étais pas forcément non plus une fille réussie !

Adolescente, j’ai toujours refusé de me plier aux rites exaspérants de la supposée séduction féminine, traduisez, maquillage élaboré, minauderie, ricanements, poses, j’étais moi tout simplement, un moi pas forcément construit ni à l’aise, mais qui n’avait pas envie de se plier à un quelconque modèle. Il n’a donc pas fallu longtemps pour que me colle à l’épiderme l’image de rébellion et d’étrangeté ; accolé à cela, le statut dangereux et a priori profondément anti érotique d’intellectuelle, et vous aurez le puzzle qui me définissait alors ! Il semblait pourtant dans ces années là que le combat féministe était terminé : contraception acquise, partage supposé des tâches, un précepte d’égalité louche, car moi, je ne prétends être l’égale de personne, préférant la diversité  et acceptant sans barguigner la différence existant entre entités mâle et femelle, car ce n’est qu’en l’acceptant selon moi, qu’on peut admettre ou proposer une forme de complémentarité ; ou non.

Qu’elle soit innée ou acquise, cette singularité existe, je le crois, et il faut juste veiller à ce qu’elle recule devant la notion de droit égal pour tous.  Aujourd’hui, je me pose beaucoup de questions car il me semble qu’il n’existe aucune forme de vérité ou de sincérité possible dans les rapports entre homme et femme. Sous les mots et les lois (dont certaines sont stupides, imposer un quota de personnes d’un certain sexe dans une instance n’est pas un bon remède, car c’est encore prendre avant tout le caractère sexué et non les capacités réelles d’une personne), restent des habitudes, des luttes de pouvoir et de suprématie jusqu’à l’intérieur des couples, une mainmise, une notion de propriété et d’obligation encouragées par la loi  et la coutume, et qui légitime l’absence de liberté vraie : la liberté du désir et du non désir, la liberté de penser, de se déplacer, d’agir et de changer. De dire ce qu’on pense, clairement, en sortant d’un jeu relationnel toxique qui fige les relations, contraint au mensonge et au compromis.

Aujourd’hui, je vois toujours et en constance la même utilisation de l’image de la femme, ou plus exactement de son corps, chosifié et érotisé à mort, mis en scène plus que jamais dans des décors de peep-show.   Les médias regorgent d’images de femmes parées, fardées, juchées sur des talons, et muettes !  C’est ça qu’on sert à nos petites filles ! Et donc, à nos petits garçons. Est-ce là l’idéal féminin, l’éternel féminin et pour qui ? Et que dire de l’image masculine elle-même, qui tient compte là encore de la surface, des apparences, et passe à côté de tout.

Au final, moi, je n’y comprends rien, et de cette ignorance reconnue et assumée, j’essaie de faire un instrument d’écoute et de curiosité, ainsi qu’un refus ferme de toute vision dogmatique sur ce sujet…pas gagné, n’est-ce pas ?

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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6 commentaires pour La féminité et moi…petite philosophie dans le boudoir, acte LXVI

  1. Bien que je sois d’accord avec ton billet, Colette, je reste convaincue que l’homme et la femme sont fondamentalement différents, et que ces singularités sont à respecter et à prendre en considération, ne serait-ce que pour mieux communiquer.
    Je suis d’ailleurs en plein dans le sujet de la femme initiatrice… pas sûre que cela t’intéresse, bien que ?

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    • Phédrienne dit :

      Bonjour Elisabeth
      Mais nous sommes d’accord sur ces points de différence ! Et concernant ton sujet, bien sûr que cela m’intéresse, dès que l’angle d’approche est ouvert et non restrictif, je vais donc aller voir ça !
      Merci Elisaenth !

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  2. Excellent billet, je suis d’accord avec toi …et vive le différence!
    Bravo!
    Bibis

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  3. RvB dit :

    Comme toi, je n’y comprends rien, mais paradoxalement, te lire m’aide à me comprendre. Paradoxalement, c’est déjà ça ! 😉

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    • Phédrienne dit :

      Bonjour Hervé
      Et bien ça, c’est énorme ! Mais génial, absolument génial ! S’il devait n’y avoir qu’une seule raison d’écrire, ce serait celle-là! Merci !

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