Un grand silence nu enrobe ce matin
A l’heure où la fraicheur marque de ses embruns
De ses dents sur ma nuque son sceau de dur airain
Et je retiens entre mes doigts ce pur écrin
Les épaules de ma ville sont un peu fatiguées
Marquées de meurtrissures, de blessures rentrées
Et j’entends la voix douce de sa plainte larvée
J’attends à ses côtés la pluie qui doit tomber
Mer, écumes, et récifs des lointains océans
Amenez à moi vos radeaux de fortune
Je voguerais sur eux vers le ciel, la lune
Accrochée au trident du beau vieux Neptune
Les trottoirs ont fondu dans la brume de soie
Les toits ont disparu puis les rues et nos pas
Je songe à ces étés aux senteurs fantasques
Aux rues mouillées de bruits, à leurs belles flaques…