J’ai mis le feu à ma mémoire
Comme ça, très doucement
Du bout d’un petit filament
De pensée incandescente
Elle tournait depuis longtemps
Inscrivant sa spirale de vide
Dans le silence de mon crâne
Cela faisait un peu de vent
Quand l’étincelle a pris
Avec un petit bruit sec
Tout a flambé très vite
Un vrai feu de joie noire
Avec un goût de zan et d’arnica
On croit toujours que la mémoire est vive
Mais c’est une statue de sable et de sel
Un peu de soleil et d’eau fraîche
Ou ce grand soleil d’incendie
Et ça suffit à pulvériser les images
En fragments d’imaginaire
Qu’est-ce qui est vrai
En dehors de ce qui crie ?
Après, je me suis endormie
Nue comme un petit enfant
Les grandes mains des draps sur mon corps
Avec une envie de matin frais comme du pain
De la morsure d’une bouche aigüe sur ma peau
De l’obsédante chanson d’un désir
Mais il n’y avait rien
Rien que ma mémoire redevenue lisse et vierge
Comme la nuit à exactement 4h27
C’est l’heure où son vide et le mien
Ont mélangé leur encre puérile
Et puis, plus rien…