Je ne suis pas sûre d’écrire encore, colère mangée de pluie, chair meurtrie
Et sa main à elle que je ne tiens pas, sa longue main d’infante blanche et frêle
Oh je déteste ces démissions, ces fuites, ces longs chemins parcourus seule
Ce sang, cette défaite, ces corps perdus et le désir des hommes
Parchemins de mots drus, terres d’exil, yeux d’aveugles
Ces voix qui murmurent des choses impossibles
Qui défont et corrodent la pureté des sentiments
Ce soir je suis là, et ailleurs, quelque part dans la cité
Derrière un rideau d’hôpital, posée sous la croisée
Je pourrais être sa mère, sa sœur, sa jumelle
Je pourrais baiser son front blanc, ses yeux d’Espagne et puis de fièvre
Et sa fierté de nulle part, hors camps, hors temps, hors champ
Je pense à travers elle à toutes les femmes, à tous leurs corps pantelants
A la noblesse de leur chair, de leur silence et de leur chant
Intime et sourd, lourd et fendant toutes les montagnes de gel
Je pense et je clos là mes lèvres scellées de blanc
Fardées de douceur et de miel et puis j’attends
Qu’ici et là, plus loin encore se finisse sa veille
Et le sommeil nous unira mieux que la mort….