Je suis seule comme toi, avec moins de talent,
Moins de forces il est vrai, et beaucoup moins d’allant,
Mais du fond de mon nid nu sous les étoiles,
Je partage avec toi l’exil et la voile,
D’un seul bateau de mots qui ne comprennent rien
Et jamais ne dessinent autre chose qu’en vain.
Même fuite hors du temps, hors de la société
Et ses rites païens qui viennent enténébrer
La simple et belle et pure fureur de vivre.
Je suis seule, c’est vrai, c’est ma terre, mon île,
Et dussé-je rêver d’un sol plus solide
Je ne pourrais, partant, être autre que je suis
Ni me mêler aux autres sans faire de folie.
Tu vois, je te comprends à défaut de te lire
Avec une nécessaire pénétration,
Mais c’est avec tendresse qu’en toi je respire
Cet air de liberté qui vit sans conditions,
Et quand mon front penché, à ton ombre délivre
Du passé incertain une même conviction,
C’est ta main que je vois écrire sans faiblir
Ce qui sans doute aucun, célèbre encore ton nom….