Cette année, pour la première fois, c’est moi qui ferai le chemin vers vous pour ces vacances, signe tangible, s’il en était besoin, de votre entrée confirmée dans le monde des adultes, celui où on paye ses factures et où se casse la tête à l’approche des fêtes pour savoir ce qui ferait plaisir… C’est donc moi qui, armée de mes valises et de mon impatience, irait timidement vers une maison inconnue. Depuis que je vous ai quittés, poussée par le vent de mes audaces et cette terrible exigence de l’écriture, ces fêtes-là n’ont plus jamais eu le même goût. Non que je cultive de la nostalgie, vous savez bien que ce n’est pas mon genre, mais je transporte avec moi bien des images gaies, des attentes, des chansons partagées, ces lumières intérieures que nous allumions ensemble. Elles restent pour moi la valeur de ces fêtes dont le côté matériel m’indiffère au plus près de ce que je suis. J’espère qu’elles restent là aussi pour vous, bien que je ne vous le demanderai pas, car après tout, c’est votre intime. A travers vous, j’ai appris à essayer de défaire tout ce qui peut relever chez l’homme de l’incompréhension, de l’appropriation égoïste, de l’intolérance, j’ai appris ce qu’on ne m’avait pas donné jusque là : à vous aimer, où que vous soyez, pour ce que vous êtes, même si parfois, vous sentir loin est dur. C’est donc un cadeau comme je n’espérais pas en trouver dans mes souliers au matin de Noël…et celui-là, je ne peux que le garder…