A l’heure où tout dort encore,
où la nuit cesse à peine de murmurer
à l’oreille des somnambules,
si tu viens picorer mon premier mot
au sortir de mes rêves,
si tu ancres le matin neuf
à mes épaules crues,
je te suivrais, sans doute,
comme une reine
portant sa coiffe de cheveux
et sa robe de papier de soie.
Tu noueras à mon cou
une écharpe de nuages bleus
floqués de vent.
Je lierais ton cœur
d’un subtil ruban
pour le garder un peu…
Un peu de sable
au creux de tes émouvantes salières
fondera mon temple de Salomon
pour quelques instants sans frontières,
et dans ce lent et vibrant frisson,
je croirais enfin que demain,
pour toujours, sera différent d’hier…