J’ai glissé sur la berge un pas hésitant
Tandis que l’eau se confondant avec le jour
Venait ronger les quais et narguer les passants
Là, il n’y avait pas d’orgueil, aucun protocole, nulle pose
Juste des promeneurs et des cyclistes féroces
Avides de manger le pavé et de repousser les chiens
Les chiens et les amoureux qui eux non plus ne respectent pas les limites
Hors limite, l’eau et moi, moi et l’eau, nous nous sommes regardées
Avec l’intensité de ceux qui n’ont plus rien à perdre et tellement à gagner
L’argent courant léger sur la crête des flots
La lumière tombant ses voiles et dansant nue
Le père et le fils, leurs deux mains liées sous un même front blanc
La quille rouge et noire d’un bateau goguenard
Battant pavillon de fantaisie
Il est des instants d’incomparable grâce
Où plus rien ne vous atteint vraiment
Le corps, l’esprit, bercés par la poésie de l’orage à naître
Quand le ciel se drape lentement
Et que la pluie descend comme un rideau de dentelles
Frappées par le vent…