Il paraît qu’à l’automne se glisse un soupçon de mélancolie. J’ai longtemps cru que c’était une jolie femme, tant les syllabes de ce nom glissent avec harmonie. Puis, j’ai préféré le mot « spleen » à cause de Baudelaire, évidemment. Personne ne parle jamais de la mélancolie de l’été lorsque sous un soleil de plomb s’invite l’impression persistante d’une futilité sans bornes, assise toute seule sur son rocher au milieu de vacanciers rieurs. Non, le malheureux automne avec ses écharpes de brume, son gilet de fraîcheur et son œil doux et nimbant concentre sur sa timide personne cette impression de finitude, de mort à venir. Je l’aime pourtant bien, moi, ce personnage séduisant, avec ses tempes rousses, sa façon impromptue de lever ciel bleu et soleil troublant à la façon d’un épicier remontant d’un seul coup le rideau de sa boutique.
Le collier de frissons qui se pose sur ma nuque, lorsqu’à cette saison je sors de bon matin, me rappelle à un corps sensitif et précieux, bien vivant. La nonchalance des feuilles couchées sur les trottoirs et leur chuchotement crissé me va bien : cela chante, imperceptiblement, une moquette volubile et chatoyante qui me convient.
C’est vrai que c’est un temps qui invite au silence, le froid vous renvoyant un peu à vous-même, à des désirs de calfeutrage et de tiédeur. Mais cet entre-deux qui s’étire lentement jusqu’à l’épure de l’hiver me plaît bien, par les nuances infinies qu’il crée et ses petites notes néanmoins si bien timbrées…
Très jolie texte accompagnant la photo. Belle journée à vous!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Souffleurdemots, bien qu’avec du retard! Excellent dimanche à vous !
J’aimeAimé par 1 personne