Il ne resterait rien, en somme
Rien : du vide échevelé tout au long des trottoirs
La parole bègue, le geste hésitant
Les berges appauvries qu’un long fleuve létal
Lécherait à peine d’un museau nonchalant
Je ne sais pas où mon cœur pourrait battre
S’émouvoir aujourd’hui d’autre chose que des mots
Encore, rengaine inusable, théâtre
Espoir aussi, s’il en est bien
Fenêtres ouvertes pourtant
Où le vent se faufile et pénètre
Assuré, tranquille et triomphant
Je porte ma tristesse pérenne
Devant ce monde si violent
La douceur de ta main, ta caresse
Sur mon épaule et mon ventre tremblant
Sont l’ordalie qui me subsume
Je suis le pain levant
Qui ne demande qu’à nourrir le monde …