A l’économie de mots, pour une fois. A l’abri dans ma tanière d’ourse, depuis quelques jours, je mets le nez dans des livres de grammaire. Leur discipline n’apaise ; elle me permet de repenser les fins du langage ; fins au sens d’intentions, de desseins. Je suis de moins en moins bavarde peut-être parce que devant ce qui se passe le silence est aussi un moyen de lutte efficace ; cesser de relayer l’horreur si on ne relaie pas le reste : les gestes forts, la résistance. J’essaie donc de construire ma peau de résistante, mon esprit de résistante, je bricole avec ces riens qui sont les miens, je cherche quoi faire d’efficient, je cherche à ne pas reculer de gêne devant les postures (mais comment ne pas être en posture, les mots parfois sont faibles), ne sais si je dois admirer ou grincer des dents devant certaines attitudes (ce n’est pas le moment mais quand même je vous signale que j’ai gagné un prix, que je vends ceci, que je suis récompensé de cela, après tout, oui pourquoi pas, ce qui est indécent, c’est la mort !).
Basiquement, moi, je ne comprends rien et en sais moins encore. Alors je réfléchis, je porte mon mal au cœur comme un petit caillou qui restera coincé un bon moment, et c’est tant mieux : je préfère cent mille fois cette gêne à une indifférence. Et puis, se remettre au travail, doucement.