Haute comme 3 pommes à genoux. C’était mon père qui le disait. Moi, je voulais bien des pommes, pas des genoux. Même enfant, la génuflexion ne m’a jamais convenu. Mon père non plus. Parfois, aujourd’hui, quand je rencontre le regard d’une autre petite pomme, emmitouflée dans son silence ou dans le regard bavard de ses parents, j’y songe, mais tranquillement. Il vient un temps où votre enfance se décolle enfin de vous, en laissant quelques traces funambules et cela me va bien. Je n’ai pas de nostalgie. La connexion que je retrouve parfois dans ma vie d’adulte, c’est ce sentiment d’incompréhension confuse, de confrontation involontaire à un ensemble de choses totalement illogique du point de vue d’un enfant. La plus grande découverte de cette période aura donc été pour moi de comprendre que rien de tout cela n’existait en dehors d’un système de conventions qui aurait pu être différent, sensation bien étrange, je vous l’assure. En dehors de la voie unique tracée par les miens, il y avait les ramifications multiples que les livres me proposaient. Ailleurs, hier, demain, d’autres vivaient différemment, exprimaient d’autres vérités discutables : quel espoir ! Là, dehors, d’autres mots, d’autres rythmes joueraient un autre tempo. Pas d’uniformité, aucune convenance. Le droit d’être bizarre, assurément.
Cela me revient parfois comme ces derniers jours, quand la sensation si désagréable de vivre sous l’injonction d’une conformité qui me dépasse et me répugne se fait prégnante. Alors, la grosse pomme que je suis devenue roule avec allégresse là où elle le veut bien.
Chez nous, l’expression est « haute comme 3 pommes assises… » 😉
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Bonjour Vivre en poète, c’est déjà un progrés, dites ! 🙂
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