Quoi, vous, toi, tu es allée au cinéma voir cette imbécile saga, fruit d’un marketing outrancier ? Comment, toi, l’intellectuelle affirmée, lectrice de Proust et de tant d’autres, tu te laisses ainsi aller aux moutonnières manies, car c’est bien de cela qu’il s’agit ! Déjà, pauvre princesse sans palais, ouvrière du petit mot, spécialiste de la macro vision, des bouts de pétale et d’aile, de cette vue vautrée, sais-tu que tu ne dégages pas cette image de sérieux, de maîtrise mesurée, d’aura paramétrée que l’on pourrait attendre de toi ? Quel emblème, voyons, Colette, accroche-tu à ton drapeau, que dis-je, à cette écharpe qui est tienne, un peu bizarre, c’est bien le mot ! Ta cigaleuse chanson, ta fourmilière besogne, gagnerait, je te le dis, à s’ennoblir un peu …hum ?
Certes, charmant badaud, sage langue conseillère, je ne suis pas sérieuse, c’est en effet bien le mot ; je suis surtout navigatrice au petit radeau. Le mien est fait de pierres de lune, de papier mâché, des rêves qu’on n’oublie pas, d’étincelles, de paroles amies, des gestes de rencontre et de ficelles de fortune. Il tangue, mais ne coule pas. Son petit mat est une plume, sans doute pas d’un phénix glorieux, mais entichée de mes envies, mais engluée de mes défis, colorée de mienne prose. Et à défaut d’une glose, je te livrerai quelques mots : j’aime beaucoup et ne renie rien, ni mes plus mauvais goûts à tes yeux de puriste, ni mes caprices que rien ne guide que ma loi. Je suis à peu près libre, et cet à peu près là me donne tant de cet autre mot-là, plaisir, que je ne résiste pas : je te le tends, où que tu sois, fais-en l’usage qui te plaît et souffle un peu sur les vaguelettes sur lesquelles trône mon esquif de guingois. Ainsi voguerons-nous toi et moi, sur le même courant d’air…et nous y serons bien, je le crois !