C’est un peu ainsi que je demeure ; être un peu bouche bée est un art difficile, la bouche démentant la volonté mentale d’adopter une autre posture, parce qu’enfin, la position n’est pas porteuse de valeurs très positive. Néanmoins, je suis dans cet état de contemplative consternation. Devant le manque d’enthousiasme, le repli frileux, la langue pesante, emmitouflée, voire le silence de plomb qui semble avoir saisi mes contemporains. Pourtant, la résistance instinctive devant les forces létales, tétanisantes de certains, cela devrait être le rire, la liberté, la jupe courte portée avec arrogance, les rues, les cinémas, les spectacles remplis. Tenez, moi qui vous parle,  et qui ne suis pas très adepte de tenues dites féminines (pas très pratique pour la macro photographie que je pratique, il est vrai), je suis toute prête à me jucher sur des talons, à arborer mille couleurs claquantes et à vociférer des chansons d’amour ou des poèmes libertaires en pleine rue !

Quelle mauvaise conscience, quelle peur de nous-mêmes nous a donc pris dans ses rets ? Quel désamour honteux, qui nous rend la vie si pesante et amère ? Quelle imbécile volonté d’être des anges sans préjugés, sans pensée disconvenante, empêtrés dans des ailes poisseuses ?

Quelle violence peut être pire au final que de détester ce que nous sommes et ce que sont les autres autour de nous ?

Parmi les voeux reçus cette année, un seul m’a immédiatement parlé d’amour, l’a mis au premier rang avant bonheur, santé, réussite (l’argent, ah l’argent ! )  et c’est lui que je vous répercute ici, très simplement : aimez-vous, aimez ce que vous faites, aimez ce que vous êtes, aimez autour de vous. Ca, personne ne pourra vous le retirer.