Ma fatigue s’est couchée avant moi
En roulant ses vieux bas de soie grise
Son œil éméché, sa paupière violine
Sa bouche frottée de nuit
Meurtrie aux montants de mon lit
M’a murmuré tout bas
Viens te coucher, tu vois
Le jour est paresseux, il tardera encore
Ou il fera le mort
Toutes deux enfouies dans le drap qui se plie
À l’injonction du corps
Avons laissé le vide devenir notre guide
Et les mots s’enrouler comme un serpent avide
Pour dérouler sans fin ces riens où se mutine la raison
Et le sommeil comme un vieillard gourmand de chaleur
s ‘est enfin couché sur nous…