S’il faut faire court, alors, laisse-moi m’étendre un peu
Je suis lasse des brèves, des incises, des parenthèses
De l’obscur chemin du temps qui impose ses trêves,
Quelques instants posés en équilibre fou,
Sur un demi-jour gris qui s’ensommeille
Je voudrais ta plage d’éternité
Ces longs plissements où je pourrais glisser
Intemporelle, pour une fois
Verse-moi dans ton sablier, égrène-moi
Fais-moi reine de tes secondes
Demain tu sais, n’existe pas
C’est maintenant, là, tout de suite,
Qu’il faut cristalliser le présent
Moi, j’ai tout mon temps…
Alors, je déroule ces longues fariboles
Je caracole sur ton dos hérissé de dépit
Je te retiens par le col
M’en voudras-tu ?
Enlaçons-nous, puisqu’il paraît
Que le temps est circulaire
Dessinons cette ronde de main à main
Soyons immortellement féconds
Tant me lasse la vitesse de tes refus
Que je me refuse à faire main basse
Sur tes envies déchues…
S’il faut faire court, laisse-moi m’étendre un peu
Juste le long de ton bras
Serpentant en maligne traîtresse
je gâcherai tes heures comme il faut
S’il te plaît, laisse-moi te faire perdre ton temps…