A tant parler de toi, l’on m’a bien effrayée
Il me semblait pourtant que tu étais caché
À jamais tu, celé, dans un pli d’invisible
Dans l’eau et le nuage que je n’aurais pas vus
La voix de ton silence poursuit mes désirs sus
Pourquoi devrais-je encor mordre avec violence
Et la chair et le cou et tes lèvres d’un autre
Puisque je te sais loin et hors de mes saisons ?
Parmi les mots diserts qui ornent ta statue
Qui habillent tes pas, assurés et virils
Il n‘en est donc aucun qui me plaise ni me tue
Ai-je besoin de toi ? c’est à toi de l’écrire…
Et dans mon ignorance aussi large et têtue
Que ce grand horizon où tu n’apparais pas
Puisqu’amour on te nomme, ce que je ne crois pas
Je préfère écarter tes beautés et tes vices
Range donc, s’il te plaît, flèches et carquois
Épithètes dodues, moelleuses métaphores
Berce-moi de ces riens dont tu te fais délice
Et je me tairais donc, sans plus de remords…