J’ai fini par les jeter un à un en silence
simplement nus sur les pavés
ou dans ma besace fermée
Je n’en veux pas, je n’en veux plus
A peine les supportai-je un peu
dans quelques vieux lais incongrus
des temps passés, ne m’en déplaise,
où leur voix reste bien ténue.
Si le temps qui parfois amène
quelques embruns d’incertitude
et fait des regards de Chimène
un passage vers l’inconnu,
pose sur quelque passion soudaine
la poussière et de vaines pudeurs
j’aimerais mieux que tes mots viennent
pieds nus, humbles et timorés
J’ai peine à croire, ferveur soudaine,
toutes ces grandes sublimités
ces syllabes lourdes comme des pierres
qui viennent nos jardins empeser.
Si tu aimes, tais-toi, je t’entraîne
au bord d’un très petit ruisseau
mains nues dans l’eau pure et sereine
et nous serons muets, veux-tu…