Un tas de gens, comment ça naît un tas de gens ? Tu imagines ça, se mettre en tas sur des gens, volontairement ?

« Pardon monsieur, je voudrais bien m’installer sur votre dos ». Là, ne bougeons plus, vous et moi allons nous mettre en tas. Si nous commençons, d’autres viendront bien vite rejoindre notre tas débutant. Ah ! pas vous madame, vous êtes trop anguleuse, vraiment, pour un tas, voyons, il nous faut du rondelet, du moelleux, du qui se compacte. Vous, là, monsieur, oui, vous ! Avec votre beau ventre jovial, venez un peu par là. Entassez-vous je vous prie, prenez appui, nous avons un tas à faire.

Allez, allez ! par ici, m’sieurs dames, entassez-vous, entassez-vous, l’union fait le monticule, pressons, pressons.  Oui, monsieur, nous acceptons les vieillards et les enfants, pas trop petits, évidemment.  A quoi ça sert, madame ? mais à ce que vous voudrez, à tout un tas de choses, justement. Apprendre sur le tas, à prendre sur le tas, à laisser passer la grève et quand la vague a fini de déferler, ne restent qu’un bon gros tas de rêves et quelques corps contusionnés. Le tas, c’est la fusion, comprenez-vous, c’est l’ultimatum du rassemblement. Quand on parle d’un tas de gens, on a tout dit, vraiment ! Être hors du tas, c’est être hors de tout, cela vous tente ? moi, non plus, allons, finissons-en, c’est que c’est sérieux, ça,  un tas de gens…