Parfois, je ne peux pas écouter de la musique
Ca me déchire le ventre, ça me donne envie de faire mon sac, mon paquetage de matelot et de partir courir la poussière des chemins
Je me retrouve crinière au vent dans les bras de toutes les nuits passées à regarder l’âme de Paris, à écouter un violoneux, un gratteur de cordes frotter sa mélancolie à la queue des étoiles
Je me retrouve dansant comme les femmes saoules et les amoureux éplorés sur la pointe du jour
J’ignore pourquoi c’est la note de trop, l’équilibre soudain qui perce à jour toute défense, ruine les pierres du château
Parfois, c’est presque une douleur
A d’autres instants, c’est un fleuve de joie qui roule ses anneaux de dragon voluptueux, une poudre d’or qui sable ma route et me rend légère comme la pluie
Parfois, je ne peux pas … alors j’écoute quand même, mes deux mains enserrant mes genoux et je ne fais plus rien, je ne fais plus rien parce que cela me traverse et fait de moi un paquet d’atomes flottant au vent et que rien ne peut venir alors m’ancrer au port
Parfois, je donnerais ma maison pour une voix, pour une note, c’est idiot mais pourquoi pas ? Heureusement que j’ai un coeur dur comme une bogue de noix ; le crois-tu ? le crois-tu, toi qui autrefois écoutait avec moi ?