Quand je serais chenue, crochue
ratatinée, sèche et bossue
plissée, pelée, toute tordue
que je trotterais à pas menus
crois bien que cette belle affaire
si elle n’est pas pour me plaire
ne m’empêchera d’aucune façon
de faire ce que je veux pour de bon
Quand ma peau rêche et tavelée
de rousses taches parsemée
fleurs de cimetière bien nommées
n’en finira pas de craquer
Crois bien que je serais farouche
à chercher la douceur d’été
l’amour d’un beau regard posé
sur le souvenir de ma couche
Quand j’aurais la langue trempée
de souvenirs trop embrouillés
qu’hier se croira demain
que je ne guetterais plus rien
Crois bien que je prendrais encore
La clef offerte de tous les champs
essise sur le moindre remord
Et m’en irais droit devant
Tirer la langue à la mort
et célébrer mes beaux printemps
tirer la langue à la mort
eEt célébrer mes beaux printemps
Ah ! Phédrienne en Carmen Cru,
qui l’aurait pensé, l’aurait cru ?
Mais l’une et l’autre font la paire
et face à rien ne désespèrent.
Leur intemporelle beauté
jamais ne leur sera ôtée
par la Camarde qui tressaille
d’entendre le bruit de ferraille
qui accompagne leur vélo
chargé de cabas, de cageots.
Vivent Carmen et Phédrienne,
fermes dans leur jeunesse ancienne !
Jean-François Mathé
J’aimeAimé par 1 personne
Ah chic! un amateur de Carmen ! Et quel talent, merci !
J’aimeJ’aime