Ma bibliothèque actuelle est très petite, mais ce n’est pas un souci. Mes rêves de possession d’autrefois ont cédé la place à une croyance bien plus enthousiasmante : les livres existent, ma volonté seule suffira à m’en procurer un qui me conviendra, qui satisfera ce besoin né de l’enfance de me « remplir », parfois, de mots, de sens. La lectrice compulsive que j’étais autrefois a pris du recul aussi : des milliers de vies ne suffiraient pas à tout lire, mieux vaut alors regarder ce qui me chante à l’œil et séduit mon esprit ou le sidère et le questionne. En toute subjectivité assumée, évidemment.
Et même le silence, aujourd’hui, me va bien, le livre fermé, l’attente. Ecrire aussi, ce qui requiert de l’espace, du temps, du détachement. Le tout désacralisé, dé-sublimé. Je lis comme je bois ou respire, c’est tout, loin du désir d’en faire des tonnes, de semer mon enthousiasme ou ma déception aux quatre coins du globe. J’écris exactement ce que je désire. Comme tout est simple lorsqu’on le veut.
J’aime moins les librairies qu’autrefois, Tous ces rayons supportant d’artificielles nouveautés, des prix, des thèmes d’actualité archi redondants me font préférer les arrière-boutiques d’échoppes plus modestes où gîtent de vieux trésors. De même que sur les réseaux, une pléthore de termes ou de thèmes resurgissant à longueur de poèmes me fait fuir illico. Même si je redonde moi aussi et en suis bien consciente. C’est comme ça !
L’autre jour, ma balade m’a conduite à côté d’un lecteur aussi muet que moi. Tête au soleil, le corps légèrement avachi sur le banc, une main derrière la nuque, il « prenait » les mots au grand air, tranquillement. Sa concentration était si dense qu’elle en devenait palpable et si évidente que je me suis sentie merveilleusement bien : lui et moi n’avions pas besoin de faire du bruit…
Et puis il y a la bibliothèque municipale. Celle à côté du chez-moi auquel je tiens le plus est grande, lumineuse, agréable, bien achalandée … et il n’est pas du tout rare d’y croiser un sourire ! Une belle journée à vous, Colette.
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Oui et même les boites à livre aujourd’hui. Elles se créent aussi dans Lyon, j’en ai croisé une à Saint-Just ; une autre façon de partager ses goûts, hors du temps et avec sincérité 🙂
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