Elle pourrait être simple amas
désert de roches, ou bien île
mais dans ses forêts parfois
moi, j’ai bien cru trouver asile
trouant mes poches de diamants
cueillis dans les ornières fragiles
foulant l’herbe et dormant
adossée à un tronc solide
Ma terre
tissée des rêves de mon enfance
en partance sous les draps
où la lumière de ma torche
allumait les feux de Bengale
Où êtes-vous, où êtes vous,
ancêtres oubliés, jaloux
de vos sols embrumés d’amer ?
Ma terre
est faite de parfums
qui m’ont nourri de leurs chimères
bras farinés doux de ma mère
lissant la pâte et le levain
et du ruisseau de mes colères
devant les matins oublieux
des chagrins, de la solitude claire
Ma terre
est faite de l’écoute
du chant des murs et des rues
du pavé et des cours ouvertes
sur tant de destins inconnus
Elle pourrait être à ras de steppe
blancheur cinglante d’un désert
ombre rouge et pierres vertes
Mais là où j’ancre mes pieds et ma tête
où le hasard m’a jetée
C’est bien là que ma terre naît
et son verbe qui me berce
C’est bien là que ma terre naît