Lorsque je marche dans la rue, beaucoup de choses m’attirent le regard et le cœur.
Beaucoup d’ombres se lèvent aussi derrière mes pas ; marcher la nuit réveille d’antiques peurs : la noire silhouette qui court derrière la vôtre, ces bras de réverbères qui encerclent vos épaules, ce cri d’animal fuyant un prédateur. Ancrée en nous, la peur.
Marchant au milieu des bois, l’autre jour, je jouais à cache–promeneur avec d’étranges créatures. Les bois sont les lieux propices au rêve et à la dissimulation, il s’y retrouve d’étranges solitudes, d‘insolents écarts. Le vent y sème son langage secret et incessant, tout vous frôle et parfois vous caresse, quelquefois vous accroche au passage.
Dans les rues où je vagabonde aussi le jour, éternelle marcheuse qu’attirent lieux cachés, murs abîmés de vie, austères visages des demeures cachant dans leurs replis de pierres des destins minuscules ou oubliés, histoires d’amour, contes de deuil, chants de départ, je croise les regards. Parfois, je les évite : devrais-avoir honte de moi qui peine à affronter le vide, la crasse, l’appel parfois ?
« Eh ma belle, t’as pas un euro ? » « Frangine, viens donc boire un pot !»
Tout ce qui dit « Je suis seul, seul, seul et ça me fait mal. »
L’instinct sociétal, la bête obscure qui demeure tapie depuis mes années de petite enfance se réveille alors. Rentrée chez moi, je mets des étoiles, je sème des notes de musique, je cache la nuit, je cache cet autre croisé dehors et qui est resté accroché à moi. Même pas peur ? Et pourquoi pas affronter ce qui manque, ce qui reste incompris, ce qui n’est pas dit, pourquoi se vouloir ange, si je ne suis pas bête ?
Pourquoi vouloir être plus grande que je ne suis. Petite, oui, oublieuse souvent, agitée de prétentions, de doutes et d’envies. Pleine d’amour aussi puisque rien ne casse, rien ne corrode ce fil qui nous lie de vivant à vivant. L’autre est moi, ce possible frère et c’est pour cela que j’aime rire, sourire, célébrer la vie en passant. Jamais je ne marche seule : toute la vie est devant…
Bravo!!!
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Merci belle Barbara !
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