Depuis le temps que je regarde
doucement
ces longs paysages de chair
vallonnés de tant de mystères
Pleines joues, bouches mobiles
cou caché, épaules tranquilles
torse râblé, jambes puissantes
ou membres grêles d’araignée
regard abrité des absences
prunelles de feu et d’or noir
eau calme des lacs irisés
cheveu rare ou manteau de lin
je ne me lasse jamais de rien
L’homme est créature étrange
jamais on ne l’a bien aimé
poursuivie de ce mal d’ange
pouvoir n’être bon qu’à moitié
Mais si je donne vie, si je poursuis ce rêve
si je prolonge la chaîne d’atomes liés
comment pourrais-je ne pas l’aimer ?
Depuis le temps que je ne sais
rien de la vie ni de ses formes
aucune colère ne fera que j’ai
pour l’homme une haine immense
puisque lui-même jamais ne sait
ce que sera son prochain pas
et qu’un jour peut-être il verra
fondre l’empreinte de sa voix
Depuis le temps que je regarde