Parfois, perché sur mon épaule, un vieux démon de nuit
cherche dans mon oreille la porte des mondes éteints
leur sarabande de pas durs sur les chemins de mon enfance
leurs ombres maléfiques et sûres de leur pouvoir sur hier
Parfois, ressurgissant d’un long sommeil de crin
leurs bras enlaçant ma piteuse maigreur
et le poids silencieux de mes vieilles peurs
serrent en étau mon cœur qui dort
et le ploient
Sous les draps je bouge
comme un gisant surgi du marbre
et qui remuerait soudainement ses blancs orteils
Dans le rougeoiement du passé, je reconnais avec terreur
maints fantasmes que j’avais rendus prisonniers
crinières, sourires, dents aigues, ongles tranchants
poitrines ballottantes, torses méchants
Et redevenue petite, aussi petite qu’une lunule
je fonds en larmes et je m’y noie
tandis que le vieux démon satisfait de lui
me souffle dans l’oreille l’heure du réveil
et disparaît, auréolé de toute sa gloire