Le vieux démon

nuit-reduite

Parfois, perché sur mon épaule, un vieux démon de nuit

cherche dans mon oreille la porte des mondes éteints

leur sarabande de pas durs sur les chemins de mon enfance

leurs ombres maléfiques et sûres de leur pouvoir sur hier

Parfois, ressurgissant d’un long sommeil de crin

leurs  bras enlaçant ma piteuse maigreur

et le poids silencieux de mes vieilles peurs

serrent en étau mon cœur qui dort

et le ploient

Sous les draps je bouge

comme un gisant surgi du marbre

et qui remuerait soudainement ses blancs orteils

Dans le rougeoiement du passé, je reconnais avec terreur

maints fantasmes que j’avais rendus prisonniers

crinières, sourires, dents aigues, ongles tranchants

poitrines ballottantes, torses méchants

Et redevenue petite, aussi petite qu’une lunule

je fonds en larmes et je m’y noie

tandis que le vieux démon satisfait de lui

me souffle dans l’oreille l’heure du réveil

et disparaît, auréolé de toute sa gloire

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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