Sur le fil du rasoir un ange s’est assis
Un nuage de silence à la main
Et j’attends qu’il chute ou s’envole enfin
Pour garder le nuage comme mon bien
Les instants suspendus comme des perles rares
Font un collier fragile et cassant
Je les goûte pourtant comme bonbons fondants
Sur le creux de ma langue, savamment
Mais l’ange pas si sot s’est caché dans mon dos
Et ses ailes en battant ont enrayé le temps
Et depuis à midi ou minuit scintillant
Lui et moi nous oublions souvent
D’ouvrir la fenêtre au matin vrombissant
Ou d’enclore la nuit dans nos bras enivrants