La rue porte sur son large dos des créatures étranges
J’aime à y croiser de jour comme de nuit ces animaux affairés
qui parfois prennent le temps de simplement y marcher
On dit que la foule est laide, compacte et indivisée
mais c’est faux
Des visages y éclosent comme des fleurs rares
habillées en leur cœur de regards profonds
Des mains s’y enlacent, caressent, frôlent
Aucune marche n’est semblable à une autre
même les pieds racontent une histoire.
Mon atavique solitude y promène sa nudité
sinuant d’une silhouette à l’autre, rasant les murs
et les trottoirs
J’y erre comme dans un champ qui n’en finirait pas
d’épandre à l’infini ses flots tumultueux
La rue gronde parfois comme une mer fâchée
de charrier dans ses creux des ordures fâcheuses
Elle se damne au soleil, se trempe, s’éclabousse
et parfois se tait
Quand je rentre à pas d’heure poursuivie par la nuit
elle se fait l’écho de mes pas, de mes peurs
les derniers amoureux que j’y ai vus s’éprendre
d’un tomber de lumière sur un arbre doré
avaient au moins 100 ans de ferveur
La rue n’a pas d’âge pourtant même
si sa robe grise se hachure de lambeaux de béton arraché
Elle me porte et je l’entends chuchoter
les mille vies qui s’y promènent
et quand je rentre enfin chez moi
j’imagine sottement qu’elle se couche à ma porte
comme un chien qui attend…
Des mots qui foulent la rue à pieds nus et libres par dessus des vers saillants à se couper du monde tout en embrassant l’humanité derrière chaque regard, chaque geste qui en émanent.
Du bord de mon trottoir je regarde passer avec plaisir cette poésie du matin.
Bonjour !
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Bonjour Antonio ! Elle et moi vous saluons en passant 🙂 !
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