Nous sommes tellement nombreux à crier dans le désert
que le désert s’est peuplé de nos voix
Dunes noires que le vent modèle
malaxe et rejette à grande furie
Nous faisons tant de bruit
que nos ondes s’entremêlent
s’enficellent et nous saucissonnent d’ennui
Sur mon toit, par la trappe, je suis montée au ciel
Le nez dans un nuage, le corps ouaté de froid
Pas de voix, pas de silence, il est caché sans doute
au fond des mers
Rien d’intelligible et le désert s’en va
poussant ses rides de voix vers le bord du monde
qui n’existe pas
Mais moi je le dessine à la frontière du toit
là où le parapet montre une faille
Du bout du pied j’enroule le désert et peu à peu
Tout se tait
Le vide et moi, la rue et moi
La paix dans mon crâne
La soie du rien
Enfin