Je te réserve un fauteuil
près de la fenêtre où je me tiens serrée
mes deux mains sur les genoux
en attendant que la brume enfouisse tout
Nous parlerons de tout, tu me diras bien vite
où tes pas t’ont conduit en dehors de nos vies
Tu chuchoteras à mon oreille complice
tout ce qui ne se dit plus
Tu sais, je m’ennuie ici, la ville ne m’amuse plus
depuis qu’elle revêt ses habits de dame patronnesse,
sa veste de censure, son corset gourmé de petitesses
ses dessous sans apprêt, ses dessus affligés
Je m’ennuie et je ne parle plus
Mes doigts sur un clavier ne sont que d’infimes traces
C’est dehors ou ici, avec toi, que je veux parler
Crions, jurons même, soyons salaces, tout au moins audacieux
Ou bien, parle seul, toi qui as cueilli
les mille odeurs de la planète,
toi qui as tété les nuages des cimes
toi qui as les mains pleines de vie
Parle, je t’écouterai …