Je la tisse parfois juste avec mes cheveux
et mes deux mains guettant un coin de ciel bleu
Parfois ce sont les pages malaxées sans partage
d’un vieux livre ami qui dressent leurs cloisons
contre tous les orages
et le cadre précis de tes épaules sûres
qui m‘offre la chaleur d’un toit
Je l’ai rêvée, enfant,
au haut faîte d’un arbre
branches croisant leurs hampes
contre l’appel des loups
et les dures tourmentes
d’une vie sans amour
Mais elle me suit toujours
sur la plage et les chemins
prête à dessiner
lorsque l’ombre s’allonge
ses parois de papier
et son plafond bruissant
Je me suis rêvée telle
prenant au creux du ventre
la tête douce et pure
d’un enfant apeuré
et le chagrin d’un autre
pour qui j’ai déployé
ma maison de sourires
contre les vents mauvais…