J’ai sur mes étagères quelques gros livres
de mille pages étageant de longues phrases,
des corridors de mots, des entrelacements de voyelles
des césures magnifiques et des lieux secrets
Parfois je me dis que leurs belles reliures
auront bien à l‘usure mes yeux fatigués
qu’à l’ombre de leurs virgules
mon esprit embrumé posera sa paresse
déclarera forfait
Mais ces châteaux altiers
et leurs salons baroques
éclairés de nuances
et de statues dorées
me ramènent parfois
à l’ancre de l’enfance
qui n’a peur de rien
et prend le temps de tout
J’ai sur mes étagères quelques gros livres
aux épaules solides
contre les vents mauvais