Petit pas de deux sous la grêle entre mon ombre et moi. Non, je n’ai pas rêvé, de petites billes blanches ont roulé sur mes manches, ont glissé jusqu’à terre, ont fondu comme ça. J’ai souri à un ange noir qui passait là et dont la bouche s’est fendue d’un grand éclair blanc.
J’ai croisé un grand-père renfrogné dont la canne allait trop vite pour lui, une ménagère gelée et un voisin hilare. J’ai regardé le ciel ; un ciel à la Watteau soutaché de rose, délicatement bleuté, marbré d’un peu de crème épaisse, étonnamment nuancé. J’ai cherché du coin de l’œil la trace de la lune, me suis imaginée flottant dans l’espace, toute ma solitude d’être humain concentrée sous une bulle, tout mon rire décompressé, délivré de la pesanteur, loin.
Il y a quelques temps déjà que je m’éloigne ou que je rejoins, qui sait, l’ilot de silence où l’on cesse d’avoir envie de comprendre l’autre, les autres, ou simplement de dialoguer parce qu’il y faut cette rencontre, douce et subtile, qui permet d’être en désaccord sans se heurter. Qui autorise à ne rien posséder, quel rêve ! D’où cette envie d’espace, de flottaison légère dans un rien qui me tient par moments, lorsque ma coutumière hyperactivité cède le pas à mon autre pendant : le suspens.
Quand je suis rentrée, en rangeant un livre, j’ai fait tomber un vieil album photo, comme on n’en fait plus. Une image rare de mon adolescence en est tombée. Etrange rencontre avec une jeune fille à laquelle je crois pourtant n’avoir jamais ressemblé. Troublante face que celle de l’autre et bêtement je me suis dit que j’aurais bien aimé entendre sa voix !
Sur le rebord de ma fenêtre, où un orme de Chine miniature dort sous son voile, un unique grêlon témoigne de ma danse. Pourquoi n’a-t-il pas fondu ?
J’aime beaucoup. Il y a des résonances… Mais la patte est bien vôtre, et de qualité.
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je vous remercie infiniment Joëlle.
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