Si ma terre avait eu le goût de sable
trempé de sel, tanné de vent
Si en sortant de ma maison
mes pas portant tout l’horizon
avaient deviné l’Amérique
qu’aurais-je été ?
Si mon toit avait été de lune
coisant ses rayons sous des palmes
Si le murmure des grands arbres
Avait bercé mes premières craintes
frotté de vert mes yeux d’enfant
qu’aurais-je été ?
Et pourquoi aurais-je cherché
sous les trames même usées
la trace des grands voyageurs
l’odeur du thé et des épices
Ssr les pentes frangées d’argent
de mon imaginaire en délices ?
Si ma mère n’avait lové
dans ses mains sûres et sans caprices
le parfum d’un sol français
dont seule la langue a marqué
dans mon esprit toutes ses prémices
qu’aurais-je été ?
Et si le monde doit se rêver
sans plus d’histoire sauf lavée
dans un creuset ignorant tout
de nos différentes suppliques
qui dira ta beauté, mon frère
que je ne saurais plus entendre ?
Que diras ta beauté, mon frère
qui ne pourra plus me surprendre ?