Faire entrer avec un pied à coulisse
Un décerveloir, un vilebrequin
Un presse-purée, un entonnoir téflonné
Dans les têtes l’image d’un monde
Où tous pareils, tous muselés
Nous adorerions sans fin le même paysage
Divers pourvu que nous célébrions la pensée unique
Différents si tous pensent comme moi
Plus identiques qu’un reflet dans le miroir
Bavards si leurs mots collent à mon référentiel
Quelle absurdité !
Mais je vous aime autres, moi, frères humains
Même incompris, même quand votre étrangeté
Fait vaciller toutes mes certitudes
Je vous aime non pas divers, mais différents
Et parfois je m’accorde le droit de ne pas vous aimer
De même que me sied mieux le goût d’un fruit
Plus qu’un autre, le verbe d’un auteur
Plus que la rime de son voisin
Faire de ma tête un refus des marécages
Dévisser, déboulonner, hisser le pavillon
De la libre pensée, du droit de dire
Du droit d’être l’autre de l’autre
Mon cœur fera le tri que ma raison
Souligne sans aigreur
Pourvu que tous aient la maison
Qu’ils espèrent.