Si je tenais ta main, petite, ou petit enfant qui viendras
Serrant dans mes doigts pétris d’encre tes si petits doigts
Ne sois pas inquiet, d’hier, je ne te parlerais pas
Ou si peu, évoquant quand même les ruisseaux multiples
Des vies qui se croisèrent entre plaines et forêts
Et dont au fond nous ne savons presque rien
Tu ne m’en voudras pas, ou du moins je l’espère
De refuser de distiller en toi
En goutte à goutte ce vin amer des colères
Et des mauvaises fois
Plus je grandis, plus je découvre
Que le versant de mes dimanches
A par dessus les horizons d’autres couleurs
D’autres raisons
Quelle réalité te dirai-je moi qui ne sais en vérité
Que l’instant et la volonté de te laisser ouvrir tes ailes
Sans ternir aucune de tes pensées
Si je tenais ta main petite, ou petit enfant qui viendras
Contre mon cœur et sans malice je poserais tes petits doigts
Et laisserais ton regard complice peindre à ses nuances un monde
Dont l’histoire me sera féconde
Puisqu’elle me viendra de toi…