Je crois bien …(pourquoi écrire ?)

Je crois bien que s’est détaché de moi, de façon quasi imperceptible, le désir d’être écrivain. Ma paresse et mon incapacité à trouver un autre  terme m’empêchent de rectifier ce titre que par ailleurs je ne mérite guère, n’ayant écrit que des choses mineures et mal publiées, mais véritablement la chose ne me semble plus d’importance. Non que l’écriture me plaise moins, son évidente  nécessité accompagnant le battement de mes jours. Mais l’envie d’en faire quelque chose qui s’inscrirait dans la durée a fiché le temps. Peut-être parce qu’il y a pléthore, qu’un déluge de choses imprimées  déverse son limon pas toujours fertile. Peut-être parce que devenant raisonnable, un peu, je m’aperçois qu’une jolie plume ne fait pas le talent ou ne le rend pas indispensable à la communauté. Peut-être parce que je me rends compte que je ne sais pas grand chose et que ma seule imagination ne supplée sans doute pas ce vide. Que ma volonté de distordre les petites choses pour leur faire rendre un autre jus ne constitue pas un but littéraire crédible, ou audible. Peut-être enfin parce que je ne m’inscris guère dans la langue de ce temps, que je trouve si je puis dire exagérément blanche, brève, introvertie et qui m’ennuie assez, et parce que je préfère m’en amuser. Cette mue involontaire m’apporte sans paradoxes une incroyable légèreté et me laisse  riche d’espoirs. Dans cette période mutagène qui voit le bouleversement complet du rapport à l’écriture sans qu’on puisse déceler ce qu’il en adviendra (le livre, objet banalisé, si accessible, sera-t-il considéré bientôt à l’égal d’une casserole ou d’un briquet comme objet coutumier ?), un océan d’hypothèses crédibles est concevable.

En attendant de trouver un mot qui me caractérisera mieux (mais est-ce bien nécessaire ?), je vais donc continuer à écrire, selon ma propre exigence et mon entière fantaisie. Au moins, sur ces points, je ne risque pas de me contrarier moi-même !

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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4 commentaires pour Je crois bien …(pourquoi écrire ?)

  1. Antonio dit :

    Vous semblez écrire comme vous respirez. Vous êtes écrivain par nature, que vous le vouliez ou non. À chaque inspiration, vous expirez des mots comme ils viennent, en poème, en nouvelle, en chanson. Dans un souffle plus ou moins long. Rien ne vous oblige à accoucher d’un roman, c’est vrai que c’est long. Mais quand la petite graine est là… vous savez sans doute mieux que moi qu’une grossesse peut être belle.
    J’ai juste l’impression que vous venez d’éternuer là, que le coeur de l’écrivain s’est arrêté le temps d’écrire ce billet, non ?

    Alors gardez ce titre qui vous définit le mieux, et mouchez vos doutes (s’il y en a, mais je ne crois pas), on ne pourra pas vous changer 😉

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    • Phédrienne dit :

      Merci beaucoup, Antonio. Si je peux vous faire une confidence, je crois que ma grande erreur a été d’essayer de m’approcher du monde des écrivains via les réseaux, pour saisir un peu de quelle pâte ils étaient faits. A de rares exceptions près, je vous avoue n’avoir pas aimé du tout ce que j’y ai vu, ce qui n’est guère étonnant car l’écriture ne préserve personne de la banalité, de la jalousie et de l’orgueil et bien évidemment je n’en suis pas exempte non plus ! Du coup, cela m’a donné envie de fuir en tous points ce milieu, ce qui n’est sûrement pas étranger à mon vrai questionnement. Parce que je ne veux pas que quelque chose me gâte ce plaisir et ce besoin si présent d’écrire ! Je vous embrasse Antonio.

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  2. Pierre Perrin dit :

    Chère Colette, ce texte que je redécouvre avec plaisir, me semble traduire un désenchantement que je comprends bien et que je peux m’empêcher de regretter. Certes s’immiscer dans le circuit éditorial est d’une extrême difficulté, mais il me semble que tu le mérites amplement. Je suis un peu attristé de te sentir triste quand même. Sache que je goûte ce que tu donnes à lire. J’ai plaisir à te le redire ici. — Pierre

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    • Phédrienne dit :

      Merci Pierre pour ton fidèle soutien, mais vois-tu, il n’y a en fait pas de tristesse. Devenir écrivain était un rêve d’enfant, c’est la seule chose qui me semblait acceptable et désirable, mais je l’avais fantasmée évidemment .Je n’ai à vrai dire pas fait grand chose pour le concrétiser (tu sais déjà pourquoi, je te l’ai dis) et je trouvais cela dommage, parce que je suis en général extrêmement obstinée, mais là il se jouait autre chose. Et un matin je me suis réveillée et tout cela semblait s’être transformé : écrire, c’est là, je fais vivre cela de différentes façons, à vrai dire je ne sais rien faire d’autre, mais c’est apaisé, débarrassé de ce qui faisait mal. Cela ne veut pas dire un renoncement, mais une mutation, c’est certain 🙂
      Je t’embrasse, Pierre.

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