A l’ombre d’une marche géante, mon recueillement. Poudroiement de la terre tiède sous mes pieds, impossible silence. Devant le monument aux morts, un couple s’enlace furieusement, lui les mains arrimées à la barre des hanches floutées de soie. Des enfants rieurs s’élancent sur la pente de béton, une minuscule fillette en robe de velours grenat fait les pointes sur un rebord de pierre qui surplombe deux mètres de vide. « Tout, droit, tout droit ! », le capitaine d’une barque qui opère rituellement le tour du lac sermonne son matelot improvisé, lequel souque sans joie entre des canards affables et un flotteur de canne à pêche. Torse nu, un jeune type fait du yoga, tout droit dans l’axe de mon regard, vite chassé, vite remplacé par quelques turbulents aux poches pleines de bouteilles. Lorsque les humains se taisent, pour autant, la nature continue son solo : ça caquette, ça cacarde, ça crie. Et puis revient l’écho des innombrables sottises qu’on se croit obligés de dire lorsqu’on est deux. Je ris silencieusement, moi, la muette qui ne vaut guère mieux. Il fait bon être dehors, néanmoins, malgré l’herbe trop rase pour être verte. Les oies s’en moquent bien, dont c’est le territoire qu’elles délimitent sans façons, tant pis pour les chaussures du promeneur ! Et leur bec siffle à mes mollets tandis que je reprends ma route, avec avoir rêvassé plus que de raison…
j’aime beaucoup cette évocation de l’observation d’une scène quasi champêtre, calme, reposante, qui éloigne du tumulte.
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Un grand merci pour cet accompagnement et pardon pour le retard mis à le publier, j’y suis pourtant très sensible 🙂
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