La chambre vide

Ma chambre est vide comme une fleur

dont on a mangé les pétales

Mon lit seul en trône d’orgueil

couche son bois de palissandre

sur des planches de vieux tilleul

Il n y a plus rien, ces couches de vie

à peine pelées, prélevées sur la peau du temps

épinglées en papillons morts

aux quatre coins de tiroirs fous

épellent à peine quelques bribes

Hier, vois-tu, un peu, encore

colère, moiteur, chaleur, trésor

Tu es parti déjà, où donc es-tu ?

Qui suis-je moi qu’on ne voit plus

à l‘intérieur du cadre blanc

torsé de lys et de sirènes ?

Ma chambre est vide comme la

coque d’un bateau

retourné sur le ventre de la terre

J’y gis comme l’enfant

dans l’orbe de sa mère

revenu à l’étreinte immobile

Même un vêtement est de trop

pour qui se frotte à ce vide.

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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2 commentaires pour La chambre vide

  1. Pierre Perrin dit :

    Très beau, Colette. Prosodie dansante, images fortes : « ces couches de vie prélevées sur la peau du temps […] un bateau retourné sur le ventre de la terre » Mille bravos et bonne journée.

    Aimé par 1 personne

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