C’est si bruyant là où je vis,
tout crie,
mâchoires de métal, tôles mâchonnées,
essieux crissants
brisures de voix s’éparpillant
sur le ruban des trottoirs,
beuglant des klaxons,
turbulences de pas,
que parfois je m’y égare.
Ligne après ligne,
sur la portée des décibels décuplés
zigzagant sur le miroitement
du soleil qui frappe à midi
le dos énervé des voitures,
je me récite à mi-mot
la sente, la pierre, le sable
l’herbe, la ronce, la framboise,
le ruisseau,
et sous le vent gonflé d’orage
qui désarçonne mes rideaux,
j’attends la mer,
j’attends la mer,
et le silence des oiseaux
quand le ciel abat sur eux
son grand déluge d’eau et de feu
et que je rentre en moi-même
avec à mes lèvres un sceau
de beau silence bleu
Un beau poème, tendu par l’antithèse entre l’univers urbain (repoussant) et l’univers naturel (accueillant). On voit bien sûr clairement quel choix vous faites entre les deux. Et le poème se conclut sur la belle image du « sceau de beau silence bleu » aux lèvres. Images fortes et pertinentes, ouverture finale sur la liberté conquise par le silence : la bouche est close, mais la liberté est en elle, sauve, illimitée dans un bleu de ciel.
Jean-François.
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Bonsoir Jean-François
Quel plaisir de vous retrouver ici. Oui, je ne suis jamais libre qu’autant que je me tais, et cela me plaît, même si le murmure de la douceur me manque assez en ce moment 🙂
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