Fréquenter les réseaux sociaux, peu ou prou, vous amène à des constats inattendus. Ainsi, forte de mes expériences enfantines où l’écrivain était un héros et une personnalité rare, je ne m’attendais pas à trouver là autant de profils d’écrivains revendiqués. Des centaines et des centaines. Sachant que nous sommes des millions d’internautes et que chaque écrivain putatif possède aussi dans ses contacts des centaines de clones, le chiffre donne le vertige. Quant aux poètes, ils sont pléthore ; à l’ouverture de ma page se déroule un vertigineux fil de poèmes de toutes sortes, de plus en plus courts, il est vrai. Parfois, ils n’ont aucun sens, parfois ce sont de jolies perles qui viennent garnir ce collier surabondant. Il en est de même pour les extraits et textes courts qui circulent à tout va.
Nous tous qui écrivons là aurions sans doute été aphasiques avant l’arrivée du net. Muselés d’incognito, ignorés des maisons d’édition (l’immense majorité d’entre nous l’est encore), n’ayant d’autre recours que le tiroir du bureau ou de la table de nuit pour y empiler nos feuilles. Qu’il y ait talent ou non est un autre débat, bien qu’on puisse se demander si un siècle produira quelque jour des milliers de génies littéraires ? Nul ne le sait.
D’un certain côté, la démocratie, c’est l’écriture offerte à tous, la voix donnée, le droit à la trace autre que nos informations personnelles. Parfois, je pense aux milliards d’hommes disparus avant nous et qui ne pouvaient écrire, auxquels cette idée même était rendue impossible et je me réjouis de ce bond. Nous sommes la revanche de ces muets de naissance.
Pourtant, la surabondance a fini par noyer mon enthousiasme de lectrice, jusqu’alors à peu près épargné. Usée jusqu’aux bâtonnets par l’avalanche de parutions à disposition, j’ai la nausée. Sollicitée de tous côtés, relancée parfois par des gens soucieux de se faire connaître (besoin légitime) et qui débordent même dans votre boite mail, je suis le malade ictérique devant une montagne de chocolat : écœuré. C’en est à un point tel que je peine à prendre un vrai livre le soir, surtout lorsque mon labeur de correctrice m’a tenu l’œil rivé à l’écran. Moi qui adorais lire, je paresse, je ne goûte plus. je deviens bête et coite, sauf lorsque je sors de tout cela et que je m’isole. A ce constat réaliste répond également une vraie question : ne serais-je pas bêtement en panne de modernité ?
Chère Colette, c’est un constat d’une grande véracité que tu proposes là. Le besoin de prendre une distance est sans doute largement partagé. Toi seule cependant oses l’écrire. Je te comprends, et remercie pour cette page vraie.
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Cher Pierre,
Merci d’y avoir accordé ton attention. Conserver ce qui émerveille vaut bien qu’on s’y attarde et que l’on en préserve la magie autant que faire se peut.
Je t’embrasse.
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vous avez raison
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Bonjour Roland,
Je l’ignore mais je ne puis m’empêcher de vagabonder ailleurs pour garder intactes mes envies.
Je vous embrasse .
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