Après plusieurs années de pratique et énormément d’échanges avec mes clients, je me rends compte que mon domaine d’intervention est assez peu connu et engendre pas mal de confusion. Certains, en effet, appréhendent cette pratique comme l’exercice d’un savoir infaillible, purement mécanique et qui aboutirait à une forme de perfection. C’est évidemment là un fantasme qu’il vaut mieux abandonner à la fiction.
À chacun son métier : le correcteur, bien qu’il soit touche-à-tout, n’est en général ni un linguiste ni un grammairien ni un typographe. Encore moins un académicien. Il a évidemment une connaissance nécessaire et suffisante de la langue pour proposer ses services à moins doué que lui, mais il n’est pas à l’abri d’une erreur, bien que ses efforts tendent à les éviter à tout prix. La langue est une matière vivante et évolutive, ses registres sont multiples et ses usages souvent discutés. Le correcteur tente de naviguer entre tous ces écueils pour aboutir au meilleur résultat possible.
Un correcteur intervient non seulement pour redresser les fautes d’orthographe et de syntaxe, mais aussi pour assurer la cohérence et la fluidité d’un texte. Ses retouches, en l’occurrence ses propositions de reformulation et parfois d’ordonnancement d’un texte, doivent se fondre dans l’ensemble et non le transformer de manière artificielle.
De même, le correcteur ne rédige pas à la place de l’auteur, même s’il peut contribuer à suggérer des développements à partir d’un contenu. La frontière entre correcteur et écrivain fantôme est donc clairement délimitée.
Je veux insister également sur un point qui me paraît fondamental : la correction est une forme de partenariat qui nécessite un rapport de confiance et des échanges fréquents et sincères entre le correcteur et l’auteur d’un ouvrage, quel qu’il soit.
Enfin, et parce que ce poncif demande à être souligné pour une fois : le correcteur n’est pas un automate qui peut enchaîner des heures de correction sans dételer. Chez lui comme chez d’autres, la fatigue est source d’erreurs. L’idéal est donc d’anticiper la demande d’aide et de la planifier au mieux : c’est le gage d’une meilleure sérénité, pour lui comme pour celui qui utilise ses services. De même, sa disponibilité se limite au respect de sa vie privée et de son repos : l’appeler la veille pour le lendemain, le contacter à 22 heures ou durant le week-end en exigeant une réponse immédiate (expériences déjà vécues) n’est pas la meilleure preuve de courtoisie que vous pourrez lui montrer.
Ces préliminaires une fois posés, l’aventure peut donc commencer !
Excellent éclairage sur votre profession à la fois si nécessaire et si méconnue où la technique va de pair avec la sensibilité; Peu de textes peuvent échapper à la correction, à la récriture, et quoi de mieux qu’un regard « étranger » et compétant pour les mener à bien ? Même le domaine littéraire ne peut en faire l’économie (songeons à la relation Maupassant-Flaubert). Seuls les prétentieux, les pressés pensent pouvoir passer outre. Vous avez raison de bien différencier le correcteur de » l’écrivain fantôme ». Même si celui-ci a de tout temps existé (A. Dumas en faisait grand usage). Ce qui m’a fait écrire ce petit aphorisme que je vous offre : « J’ai connu un grand écrivain qui confiait les blancs de son inspiration à ses nègres. »
Jean-François
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Bonjour Jean-François
Merci pour votre lecture attentive et vos appréciations. Vous savez, je ne prétends pas atteindre par mes qualités à celles de certains lettrés qui en savent sur la langue bien davantage que moi, mais je m’efforce d’aider les autres. Et j’ai déjà, bien que peu souvent, fait office d’écrivain fantôme sans toutefois écrire totalement à la place de quelqu’un, ce qui à mon sens, serait malhonnête, il s’agissait davantage d’enrichir et d’ordonner. J’y ai appris beaucoup et j’apprends toujours beaucoup
Amitiés.
Colette
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Article très bien formulé, et rien à corriger. C’est un joli métier dont vous nous parlez, et qui n’est pas toujours valorisé comme il le devrait.
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Bonjour Rx Bodo,
Je vous remercie beaucoup pour votre lecture et votre appréciation. J’essaie en effet, tout en progressant dans mon métier, d’en faire mieux connaître le rôle et les limites, du moins telles que je les conçois.
Bien à vous.
Colette
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Merci pour cet exercice de définition d’un métier difficile à cerner – mais il en va souvent ainsi des choses précieuses.
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Bonjour Aldor et bienvenue sur ces pages. Je vous remercie pour votre lecture et votre attention qui, elles aussi, me sont précieuses.
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