La chaleur me ramène doucement au désert
Temps anciens, poussière des roches corrodées par d’invisibles dieux
Nous avions faim, nous avions soif, nous étions fragiles
écorce de peau lacérée, cuir ductile,
sel dessinant entre nos épaules lassées
la cartographie du vent.
Combien de temps ont donc marché
l’échine rompue, nos pères, nos mères
et leurs enfants affamés collés à des mamelles sèches,
combien de pas leur ont coûté de maigre clairières ?
L e long de mes jambes, le sang bleu fait sonner ses tam-tams
Un ruisselet doré serpente entre mes seins
Mes pieds s’apitoient sur eux-mêmes et cependant
très loin, aussi loin que le souvenir repêche
dans mon cortex la mémoire d’autrefois,
bien plus ont souffert mes ancêtres,
bien plus, au-delà des horizons,
d’autres marchent encore, peut-être.
Leur entêtement courbe mon front
musèle ma plainte et mon mal-être.
Bientôt au creux de mes mains,
l’eau reine et fraîche ennoblira
mon silence alors que leur chagrin
sans tarir, lui, fera son chemin.