Ne mentez pas aux enfants, sinon le monde disparaît.
Château bâti de mous branchages, toilette de mariée
tissée de torchons,
sceptre glorieux, arme fatale glanée au creux des ornières.
J’ai tenu dans ma main, précieuse, cette clef,
la note parfaite des rondes que le pied ne se lasse
jamais de danser.
Où es-tu, toi à qui je réclame une seconde de vérité ?
Le regard franc de qui étanche la soif, adoucit le désert, où es-tu ?
Le jardin cache un territoire que j’ai déposé à mes pieds ;
la terre aveuglante où le rire est roi,
où je grandis jusqu’à devenir arbre moi-même, où mes cheveux alanguissent l’abandon de l’été.
Où es-tu, toi qui savais sourire comme moi, jouir comme nous à la folie du temps ?
Toute petite, j’ai su que l’amour n’existe pas.
Seuls comptent la danse, la pensée non captive, l’acharnement à créer.
A ce jeu, pourtant, je voulais un autre que le mensonge a emporté.
Le jardin et moi, face à face, ses cailloux sous mes pieds, ma pesanteur enracinée
sous le ciel, nous attendons la pluie.
Elle ne ment pas, estompe les ombres, confond tout sous sa suprême gifle.
Elle sait que je ne suis pas faite pour aimer.