Si j’étais belle, belle au fond de moi
chacun de mes atomes lié à son semblable
Si j’étais la rivière, la grande forêt
l’asile des sages, le feu à ton âme
la bouche mi-close proférant les mots
que tout être attend, que serais-je mieux ?
Si j’étais pareille au ruisseau calme
qui chante le même air au soleil d’été
si mes pas épousaient la tiédeur de bien d’autres
orteils nus plantés dans les chairs sablonneuses
est-ce que je ressemblerais à une dame lige
qu’une écharpe d’amour, bientôt, étranglerait ?
Si j’étais belle, avec quelque vertu accrochée à ma taille
et un coeur moins trapu battant sous mon corsage
si mes pensées pouvaient grandir à la hauteur
de mes envies
j’aurais la douceur du fauve que le soleil couche
sous son zénith lorsqu’il n’a plus faim
j’aurais le calme que je me refuse
et le silence des pierres
Heureusement, je ne le suis pas.