J’ai mis le temps, j’ai pris tout le temps nécessaire
pour avoir le droit de me retourner
de tout regarder de haut en bas,
depuis la terre jusqu’au faîte du monde.
Tout m’appartient, je le veux ainsi,
le matin, la froidure, la tête embrumée
le ventre chaud des draps qui l’ont enveloppé
le tapis des heures à venir
le désordre de mes pensées.
J’ai pris le temps, tout le temps nécessaire
pour pétrir mon refus
sa glaise pansue, grosse de colère
enflée de matures pensées
s’assouplit sous mes doigts
j’attendrai qu’elle sèche au soleil de ma patience
que se concatènent mes contradictions
pour que mon jardin s’ouvre à tous les vents
J’ai pris le temps de ne rien faire
d’accrocher mon regard à la lumière
elle et moi souplement laissons grandir
les nuages, souffler l’haleine du jour
Nous avons tout notre temps .