Tenir le milieu entre le grand et le petit, est-ce une ambition ou une abdication ? Faire de son mieux, alors que ce mieux avoisine le presque rien, ou cela mènerait-il ? À quel âge vais-je cesser d’avoir la volonté d’apprendre, soubassement des progrès auxquels je pourrais prétendre, est-ce déjà là ? Pourquoi me contenter de ce qui ne me convient pas ? Pourquoi adhérer au culte de la moyenne ?
Alors, je remets le compteur à zéro, formule illusoire puisque mon compteur ne décompte rien, il marque le symbole de mon refus de rester là, exactement au même point tous les jours. Là où je sais faire, où les mots pointent avec facilité, ne disent qu’un éclat de sens vite éteint.
J’ai besoin, urgemment, de me mettre en danger, de faire fondre la glace qui mange ma tête, l’ennui, l’accablement de la reconnaissance, quand reconnaître signifie simplement voir à chaque heure, au même lieu, la même chose. Si je vivais sur une île pendant dix ans, ne retrouverais-je pas à mon retour les mêmes gens effectuant les mêmes gestes, les écrivains livrant les mêmes mots cent fois rebattus sur les mêmes thèmes. Exactement au même endroit. Comme un artisan qui sculpterait la même statuette, exactement. Vivre le replay de la créativité. S’assoir à la même table, à la même place chaque matin. Sans envie.
Le général, la ligne médiane, le 80/20 de l’existence sans effort, sans volonté, sans tension, m’est contraire, contrariant, infécond. J’y perds le goût et l’appétit, ma faim s’émousse contre le réel moyen qui serait, me dit-on, la réalité.
Peut-être que je me mens, en prétendant faire rouler ma pierre un centimètre plus loin, à choisir la butée de terre où je veux la poser momentanément. Peut-être que non, puisque avancer me convient, bien que je n’ai pas le besoin d’un but mais celui de bouger et non de fuir. Sauf peut-être la médiocrité, la mienne me gênant bien davantage que celle d’autrui que je ne sais mesurer qu’à l’aune de mon désintérêt. Peut-être que la médiocrité m’est un défi, j’aimerais en tout cas qu’elle ne devienne pas un carcan.
Joli défi. Je suis sûr que vous pouvez y arriver. Mais laissez-moi vous dire que vous n’en prenez pas le bon chemin 😉
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En fait, je ne crois pas (avec beaucoup d’orgueil assumé) que je vais m’en donner le droit. Si et quand je le suis, ce sera donc dû à des limites non repoussées et je ne m’en prendrais qu’à moi-même. mais vous êtes très aimable, comme toujours d’ailleurs !
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Pour moi, la médiocrité, l’excellence, tout comme la beauté, se mesurent à l’aune du regard de celui qui a le pouvoir de vous juger (à commencer par soi-même). On a souvent le nez sur nos défauts, comme devant un miroir, quand autour d’autres nous voient autrement beau.
– Je ne suis pas beau, dit le petit garçon à sa maman.
– Non, c’est vrai, lui répond, sa mère agacée. Parce que tu es horriblement triste. Si tu te contentais de t’amuser et de rire avec tes copains, tu serais le plus beau des princes charmants.
– Pff! rétorque le gamin , scrutant le reflet de son nez qu’il trouve tordu.
J’ai arrêté de mesurer ce que je faisais à l’aune de l’intérêt des autres mais au plaisir et la joie que cela me procurait. J’ai beau rester médiocre (écriture, musique), entre les virtuoses et ceux qui n’essayent même pas, j’ai trouvé une voie… lumineuse 😉
Petit flamme méditative dans le bougeoir 🙂
Bonjour !
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En réponse à votre deuxième commentaire (et en vous en remerciant), je ne me m’intéresse guère à l’avis des autres, sauf lorsqu’il s’agit de valider une commande de travail, bien sûr et bien que j’accepte sans problèmes qu’o nne goûte pas ce que je fais. Il s’agit davantage de sortir de ma mollesse ou de ma zone de confort, parce que sinon, j’étouffe rapidement, vous voyez, comme si c’est mon esprit qui manquait d’air 🙂
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Je comprends tout à fait ce besoin de sortir de sa zone de confort (je débute dans le métier), mais quel rapport avec la médiocrité ? Il s’agit bien de situer ce que vous êtes ou faites dans une moyenne ou bien nous n’avons pas la même définition. Peu importe 😉
Sans bien vous connaitre, il me semble que vous êtes déjà sortie une fois de votre zone de confort et que l’idée d’aller plus loin a de quoi rendre encore plus admiratif.
Alors suivez votre instinct ! Trouvez de nouveaux défis, de nouveaux espaces pour votre esprit, c’est tout ce que je vous souhaite… Allez vers votre risque ! A vous regarder, d’autres comme moi s’en inspireront. 😉
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Le lien que j’y vois est qu’il est facile de rester dans cet entre-deux et que la paresse est tentante. Ce pourquoi, je me secoue quand les choses me deviennent faciles ou que ce manque d’air intellectuel, dû à ma propre faculté d’inertie, prend le pas :). Merci, Antonio !
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